Dans
ce blog, vous l’avez compris, nous considérons que la comptabilité est essentielle à la qualité du système d’information
de l’entreprise et par conséquent à la prise de décision de gestion. Toutefois,
si nous parlons de la comptabilité générale (celle qui permet d’établir bilan
et compte de résultat), il faut bien comprendre que l’information n’est pas à prendre systématiquement pour argent comptant.
L’image renvoyée par la comptabilité n’est pas toujours aussi nette qu’on le
souhaiterait, on peut même parler de
flou. Voyons pourquoi :
Ce
flou a en fait trois raisons principales qui sont les suivantes :
* Les principes mêmes de la comptabilité : parmi ces principes, il y a notamment le principe
du coût historique. Il signifie que
les éléments sont enregistrés au bilan à leur coût d’acquisition, et restent
dans la comptabilité à ce coût. S’il y a un risque de perte de valeur, une
provision est passée pour tenir compte de ce risque, mais s’il y a une
possibilité de gain, aucun enregistrement n’est fait. Ainsi, le bilan de l’entreprise, ne tient absolument pas compte des
profits latents. Par exemple, un immeuble acheté il y a 20 ans pour 1 million,
totalement amorti aujourd’hui, va présenter une valeur brute de 1 million (prix
d’acquisition), un montant d’amortissement de 1 million et donc une valeur
nette de zéro euro. Or ce bien continue à être utilisé par l’entreprise et en
plus pourrait même avoir une valeur de revente de 2 millions. Vous voyez que le bilan, dans ce contexte, ne donne pas
une image complètement exacte du patrimoine de l’entreprise. Un retraitement
extra-comptable serait nécessaire si vous souhaitiez vendre l’entreprise à sa
juste valeur.
* Les habillages de bilan qui peuvent être soit des opérations ponctuelles soit une
approche long terme. Un exemple d’opération
ponctuelle est la relance très active des clients en fin d’exercice pour
diminuer ce poste et augmenter la trésorerie. Cette opération faite juste
en fin d’année permet d’avoir un bilan plus élégant avec un besoin en fonds de
roulement (BFR) plus faible et une trésorerie plus forte. Sauf que si cela est
fait une seule fois par an, alors le bilan
de fin d’année ne représente pas la réalité de la situation tout au long de l’année.
Un exemple d’opération long terme
consiste dans la mise en place d’un contrat d’affacturage déconsolidant.
Dans les comptes consolidés, les créances cédées à la banque (le factor) vont
disparaître de l’actif courant pour être repris en trésorerie. Amélioration du BFR ici encore, mais qui
est uniquement dû au montage juridique mis en place. Dans les faits, il y a
toujours des clients qui doivent de l’argent au factor et donc à l’entreprise.
* Les interprétations des normes comptables. Vous savez (voir les articles précédents) que la
comptabilité respecte des normes. Selon les normes, la comptabilisation d’une
opération ne sera pas faite de la même façon. De plus, les entreprises vont essayer d’interpréter les normes de la façon la
plus avantageuse possible. Ainsi, avec les IFRS, les leasings sont
retraités comme des immobilisations (ce qui n’est pas le cas dans les normes
françaises). L’entreprise peut souhaiter
contourner cela en faisant une location simple, sans option d’achat
apparente, mais celle-ci peut néanmoins exister de façon détourner, en faisant
intervenir par exemple une société tierce.
Vous
voyez donc que le bilan de l’entreprise
est une source d’information importante, mais il est nécessaire de la prendre avec une certaine prudence,
car elle ne reflète pas l’exacte réalité de l’entreprise. Ceci étant, elle constitue une excellente base de
travail et permet notamment en interne, où toute l’information est
disponible de pouvoir évaluer réellement sa situation patrimoniale.
Michel
Pivot (14 février 2017)
DAF Evolution
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