Nous
avons tous tendance à taper sur notre banquier. Nous avons du mal à comprendre
pourquoi il ne nous prête pas les quelques sous (!) que nous lui demandons. Après tout, vu les
résultats qu’ils font, cela devrait être facile. Eh bien non ! ce n’est
pas si facile que cela. Mais pour
pouvoir négocier avec un banquier, il faut comprendre quelles sont ces
contraintes. Voyons de quoi il en retourne :
La
banque c’est d’abord une entreprise
comme une autre. Elle ne vend pas des vis ou du conseil. Elle, c’est de l’argent
qu’elle prête. Comme toute entreprise, elle a une logique commerciale, avec une
approche par marchés, par produits. Elle doit réaliser un chiffre d’affaires. Il
doit augmenter d’année en année. Elle doit servir des dividendes à ses
actionnaires. Elle est comme vous, comme
moi, elle fait des affaires. Elle est donc ravie quand elle peut placer un
produit.
Toutefois,
la banque a une particularité. Ce qu’elle vend, la plupart du temps elle
ne le possède pas. L’argent qu’elle vous prête, pour l’essentiel, elle va
aller le chercher sur les marchés. Cela signifie qu’elle doit absolument le
rembourser à l’échéance. Si elle ne le fait pas, cela devient vit
catastrophique. Elle risque la banqueroute et dans tous les cas elle perd du
crédit. Cela signifie qu’elle aura beaucoup plus de mal pour se financer, et
cela lui coûtera nettement plus cher. Le
banquier a donc une obligation de prudence qui est totalement liée à son
activité.
Mais
il faut aller plus loin. En 2008, la
faillite de la banque Lehman Brothers a plongé le monde bancaire
international dans une crise profonde entraînant l’ensemble de l’économie
mondiale dans la crise. Cette faillite provenait d’opérations douteuses sur le
plan économique (les subprimes). Les banques américaines ont accepté de
financer des crédits immobiliers à des clients non ou peu solvables, et ont
revendu aux marchés financiers ces produits. Quand les clients n’ont plus pu
rembourser, le jeu de dominos s’est mis en place.
Cette crise a eu pour conséquence que les
autorités financières mondiales ont revu les règles de fonctionnement des
banques. Elles ont donc instauré une nouvelle norme : Bâle 3. Cette
norme a pour conséquence d’obliger les banques à avoir plus de fonds propres en
fonction du type et du risque de crédit qu’elles accordent. Cela veut dire que
les banques ne peuvent plus prêter de la même façon qu’avant la crise. Tant
mieux, si cela peut éviter une nouvelle crise des subprimes. Mais la conséquence c’est que les banquiers, qui
étaient déjà par essence prudents, doivent maintenant l’être encore plus.
Ils vont également privilégier des produits en face desquels ils peuvent avoir
une sécurité supplémentaire. Ainsi, sur les crédits court terme, les banques
vont limiter au maximum les découverts purs et simples. Elles vont favoriser l’affacturage,
car dans ce cas, elle prête avec la facture client comme collatéral.
Le
banquier est donc un commerçant qui souhaite vendre, mais qui est limité à la
fois par son besoin naturel de prudence, et par les normes internationales (Bâle
3). Votre rôle en tant que chef d’entreprise
c’est de le rassurer, et de lui donner envie.
Michel
Pivot (7 avril 2015)
DAF Evolution
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