Encore
un de ces mots barbares que chaque métier se plaît à inventer et à utiliser.
Ceci étant, il n’est pas si compliqué. Le sens est dans le mot lui-même. Titrisation cela signifie transformer en
titre, en l’occurrence il s’agit d’obligations. L’objet de la titrisation
est donc de transformer quelque chose en titre pour pouvoir les revendre.
Concrètement, cela signifie quoi :
Bien
des choses peuvent être transformées. L’intérêt
de l’obligation c’est qu’il existe des marchés pour cela et que cela
signifie qu’il sera possible d’émettre des titres, de les vendre et pour les
acquéreurs de les revendre grâce au marché. Le marché le plus connu c’est la
bourse.
Parmi
les choses qui peuvent être vendues et qui sont intéressantes pour une
entreprise qui cherche à se financer, il
y a les créances clients et les stocks. Comment cela fonctionne-t-il ?
Un organisme financier, une banque par exemple, va créer une société dont le seul but sera de racheter un type de
produit : des créances clients (des factures), ou des stocks ou … Ce type
de société s’appelle Special Purpose
Vehicle (SPV). Le nom en lui-même indique bien que cette société ne sert à
faire qu’une seule chose. Par exemple racheter des créances clients. Cette
société va racheter des factures. Pour
se financer, elle va aller sur les marchés pour placer des obligations dont
le support sera les factures. Les actionnaires n’achètent pas les factures,
mais les titres. On a ainsi transformé des factures en titre qui peuvent
s’échanger sur les marchés boursiers.
Pour l’apporteur de factures, c’est un
moyen de se financer immédiatement. Il
faut que les factures soient de bonne qualité et en particulier que le tiers
facturé (le client) soit solide. Par contre, il n’en sera plus le propriétaire.
Cela est différent de l’affacturage, où l’entreprise reste le propriétaire de
la facture, et la banque ne fait qu’avancer l’argent.
L’actionnaire (celui qui monte l’opération en créant le SPV) sera rémunéré par les commissions qu’il
va toucher sur l’opération.
L’investisseur qui achète les titres sera rémunéré par les versements des clients pour payer les factures. Il peut
également vendre les titres sur le marché. C’est en réalité lui qui prend le
risque final, puisqu’il a apporté l’argent pour acheter les factures, mais ne
sera rémunéré que si le client paie ces factures. C’est pour cela qu’il existe
des montages spécifiques dont l’optique est d’analyser le risque pris. Des
catégories de titre sont alors créées en fonction du risque qu’ils représentent.
Sur des opérations qui sont importantes, une évaluation peut être établie par
une société de notation comme Moody’s.
En
principe, toute entreprise qui a une qualité de factures suffisante peut
bénéficier de ce type d’opération. Ce
qui fonctionne pour les factures marche également pour le stock. Une
société qui a un stock de qualité, bien organisé et suivi peut également
prétendre à ce type de financement.
La
titrisation est donc un outil puissant
pour financer une opération. Beaucoup de choses peuvent en faire l’objet.
Toutefois, la qualité de l’opération
dépend principalement de la qualité du produit apporté. Quand il n’est pas
bon cela peut-être désastreux. C’est ce qui s’est passé avec les subprimes qui
étaient des emprunts immobiliers contractés par des personnes non solvables.
Michel
Pivot (2 février 2016)
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