mardi 27 mars 2012

Charges variables ou charges fixes: un choix cornélien

Gérer une entreprise c’est pouvoir faire face à toutes les situations. Les crises récentes montrent bien que les soubresauts de l’économie peuvent être violents. Il est important d’avoir de la réactivité et de la souplesse. Dans ce contexte la question de la typologie des charges n’est pas un vain mot. Alors charges fixes ou charges variables : « that is the question ? ».




Sans rentrer dans la technique comptable rappelons que la charge variable est une charge qui est fonction de l’activité. Pour un taxi, l’essence qu’il met dans son moteur dépend de son chiffre d’affaires : quand il ne fait rien, il ne consomme pas. La charge fixe existe quelque soit le niveau d’activité. Le véhicule du taxi est une charge fixe car elle existe qu’il ait des clients ou pas. La notion de fixe ou variable est liée à l’activité et à la façon de l’exercer. Admettons que le taxi loue son véhicule au lieu de l’acheter, et que son loyer dépende du nombre de kilomètres effectués, la charge sera alors variable. 

Plus les charges variables représentent une part importante du compte de résultat, plus l’entreprise est souple. Elle peut absorber une baisse d’activité tout en restant bénéficiaire. Elle abaisse le « point mort » c'est-à-dire le niveau d’activité minimum pour être rentable. 

Ce constat amène à se dire qu’il faut variabiliser au maximum ces charges. Quand nous regardons l’évolution des modes de fonctionnement de l’entreprise nous pouvons constater qu’il existe un mouvement dans ce sens. Le recours au travail temporaire, au management de transition, au CDD constitue une façon pour l’entreprise de variabiliser des charges de personnel. Il est alors possible d’imaginer de rendre variable toutes ces charges : pas d’activité, pas de charge – que du bonheur ! 

Il faut toutefois nuancer le propos. Variabiliser les charges c’est faire intervenir un tiers pour qui ces charges seront fixes. Le loueur de véhicule est propriétaire du véhicule, par conséquent il le paie loué ou pas. L’intérimaire doit disposer des moyens pour vivre qu’il soit en mission ou pas. Rendre les charges variables c’est donc accepter d’avoir des partenaires dont les agendas diffèrent de celui de notre société. La société est certainement moins efficace si tout le monde ne rame pas dans le même sens. Le loueur de véhicule peut rompre le contrat, l’intérimaire ne sera pas impliqué par l’avenir de la société, mais par son prochain contrat. 

Se pose alors la question de comment faire partager des objectifs communs à des partenaires dont les intérêts sont différents. C’est possible par exemple grâce à la mise en place de rémunérations adaptées (une prime d’objectif). Toutefois plus les objectifs seront à long terme, plus cela devient compliqué. 

Augmenter la proportion de charges variables dans une société permet à l’entreprise de trouver de la souplesse et d’être plus réactive face aux crises. La contrepartie c’est l’obligation de prendre en compte les agendas des partenaires qui sont différents de ceux de l’entreprise. La barque de l’entreprise est donc plus difficile à mener surtout dans le cadre d’objectifs à long terme. En cas de tempête, les partenaires dont l’entreprise pourrait avoir besoin auront tendance à gérer leur propre problématique.  

Pour aller plus loin :


Michel Pivot (27 mars 2012)
 
DAF Evolution

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