mardi 6 novembre 2012

Stratégie : par le haut ou par le bas


Dans ce contexte économique morose, dans une économie mondialisée, alors que tout le monde ne parle que de compétitivité (choc ou pas choc !!!), les entreprises doivent réfléchir à leur stratégie. La stratégie est composée d’une somme d’éléments différents, mais une des orientations importantes est le positionnement prix / qualité. Doit-on se battre sur les prix ? Ou doit-on se différencier sur la qualité et l’innovation ?



La stratégie sur les prix n’est à mon sens envisageable que si l’entreprise a les moyens de lutter avec la compétition. Soyons clairs quand le critère d’achat principal est le meilleur prix, dans une économie mondialisée, l’origine du produit n’a aucune espèce d’importance. Par conséquent, lorsque la société est sur un secteur d’activité où le coût du transport est proportionnellement faible dans la valeur du produit, la stratégie par les coûts, implique de fabriquer dans les pays à bas salaire. Bien entendu, la question ne se pose pas sur les services produits sur place (ex : transport en commun, plombier …) ou sur les produits pour lesquels le coût du transport est élevé (ex : le béton). Dans ce type de stratégie, les marges sont faibles par définition. Pour faire des résultats permettant à l’entreprise de se développer, il faut compenser les marges faibles par la quantité. Il est donc important d’être le leader de son marché, ou au minimum l’un des tout premiers. 

La deuxième stratégie est la différenciation par la qualité, l’innovation, l’image… Il s’agit de déplacer le champ de bataille. Le critère d’achat principal n’est plus le prix, même si il peut en faire partie (et dans les deux sens : ce produit est trop bon marché pour cette qualité, à ce prix cela ne peut pas être un produit de luxe !!! etc.). Le client accepte d’acheter plus cher car le produit lui offre le niveau de qualité d’innovation d’image qu’il souhaite. Le combat pour l’entreprise est de proposer des produits, des services avec une valeur ajoutée perçue par le client qui compense le prix. Quand SEB développe sa friteuse « sans » huile, quand Sony fait son walkman, quand Apple lance son Ipad, ou quand Chanel fait son N°5, ils se battent tous, sur la différenciation par « le haut ». Cette stratégie permet à l’entreprise de dégager des marges plus importantes. Produire beaucoup n’est plus essentiel, voire contre-productif, ce qui est important c’est d’avoir les meilleures équipes capables d’imaginer, développer, marketer et commercialiser les produits.  

Telle stratégie n’est pas meilleure que telle autre. Ce qui est important c’est d’être cohérent. Si l’on souhaite faire une stratégie par les prix sur un produit où le coût du transport est faible alors acceptons la délocalisation. Si, par contre, on souhaite se battre sur la qualité, alors recrutons les meilleurs et créons l’environnement permettant de développer des produits que les clients voudront acheter pour leur qualité, innovation … Aucune stratégie n’est figée et une entreprise peut les utiliser tour à tour : le nord de la France a longtemps été une terre de textile, puis dans les années 70-80 presque toutes les entreprises ont disparu, car la stratégie basée sur les coûts rendait les produits français non compétitifs. Depuis quelques années le développement de textile haut de gamme et technologique permet la création ou le redémarrage d’entreprises dans un secteur complètement sinistré. 

Toute réflexion stratégique doit inclure cette dimension prix / qualité. Mais attention quelque soit la stratégie choisie, l’entreprise est comme un paquebot, entre le moment où le cap est fixé et celui où il est atteint, le délai est souvent long.  

Michel Pivot (6 novembre 2012)

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